Mais qui sont les ukrainiens ?

7 avril 2008

J'ai trouvé dans un site sympa (en lien, en bas à droite) une analyse sociopolitique intéressante mais vivante sur la population ukrainienne. On comprend mieux les dissentions entre les différents groupes politiques par exemple. En voici des extraits (cela a l'air un peu long à première vue, mais se lit très facilement) :

" Grand débat politique du moment entre les ukrainiens : mais qui est vraiment ukrainien ?
Certains habitants de l'Ukraine estiment qu'il faut parler l'ukrainien pour l'être, d'autres pensent qu'il faut être né dans le pays, d'autre encore estiment qu'il faut faire parti de la race ukrainienne ... le conflit actuel entre certaines "factions" mérite de jeter un petit coup d'oeuil sur les différents groupes qui se disent ukrainiens... En fonction des différents habitants du pays, j'ai pû établir une petit liste des groupes, juste à titre indicatif (note : bien entendu, je ne veux pas généraliser chaque "groupe", chaque personne est unique) :

Les Sangs Purs :
Appelés aussi ruthéniens ou galiciens (non, ils ne viennent pas de la Galice, mais de la Galicie). Ils vivent donc à l'Ouest de l'Ukraine, et ne parlent bien sûr que ukrainien (et détestent par la même occasion tout ce qui est russe). Ils pensent être les seuls et vrais ukrainiens, car c'est de leur région qu'est venue la culture ukrainienne. Leur région symbolise la résistance héroïque contre l'oppresseur russe, puis allemand, et enfin bolchévique (cf UPA). Ils se sentent profondément patriotes et engagés pour le pays, pour l'Ukraine (à vrai dire pour l'Ukraine "ukrainienne", et pas pour l'Ukraine "russe"). Ils ne considèrent pas les ukrainiens de l'Est comme des compatriotes, mais plutôt comme des émigrés qui ne sont pas intégrés au pays : pour preuve, très peu d'entre eux savent parler un bon ukrainien !

Les Faux Ukrainiens :
Ce groupe représente environ 20% de la population du pays. Ils habitent au Sud-Est du pays (Donetsk, Lugansk, etc), et ont un statut un peu spécial ... En effet, tous ces gens ont bien un passeport ukrainien, mais n'ont pas la nationalité ukrainienne, ils ont la nationalité russe. C'est un petit peu compliqué, mais je vais vous expliquer : du temps de l'URSS, et même maintenant je crois, chaque personne avait une mention supplémentaire sur son passeport : la mention n°4 de nationalité (après le nom, prénom, et sexe), qui définissait l'appartenance à un peuple. Par-exemple, on peut avoir un passeport ukrainien, mais être de nationalité russe par-exemple, ou lituanienne, ou même juive (chez nous les juifs ne sont pas considérés comme un groupe religieux, mais comme un peuple à part entière). Ce système permettait de bien repérer les populations qui vivaient partout en URSS, et de constater les effets de la politique de l'époque (dans l'ancien temps, l'idée c'était de déplacer tout le monde pour créer des mélanges). Voilà pour la petite info, mais je ne sais plus si c'est toujours d'actualité en 2008. Ainsi donc, beaucoup de ces habitants de l'Est du pays sont venus directement de la Russie il y a des décennies à cause de la puissante industrie installée au Donbass. Bien entendu, ils ne sont pas sur la même longueur d'onde que la plupart des autres ukrainiens, car ils sont russes, tout simplement. Cependant, il faut nuancer cela : la plupart d'entre eux se sentent tout de même plus proche de Kyïv (Kiev) que de Moscou, et peu souhaitent un rattachement avec la Russie. Ce qu'ils ne supportent pas, c'est la politique actuelle du gouvernement qui consiste à tout ukrainiser au mépris de leur culture russe. Et bien sûr, ils votent soit pour les pro-russes, soit pour les communistes. Ils ont une très grande méfiance envers les ukrainiens de l'Ouest (les Sangs Purs !), qu'ils jugent trop occidentalisés et trop anti-russe.

Les Kiévites (ou "Kyïvites" pour les ukrainophones ;)) :
Plus simplement, les habitants de La Capitale et de ses alentours. Kyïv était autrefois la 3ème ville de l'URSS, et est maintenant le centre névralgique du pays. La ville et sa banlieue comptent environ 3 millions d'habitants, qui sont très actifs par-rapport au "reste" des ukrainiens : tout se décide à Kyïv, tout se fait à Kyïv, tout se vit à Kyïv ... on en viendrait presque à avoir un complexe de supériorité (je parle pour nous, les kiévites !). Les kiévites sont très cosmopolites, et désireux de montrer à tous la richesse de leur pays ... La plupart d'entre eux connaissent l'Occident, et préfèrent privilégier le marché de l'Union Européenne au marché russe (la qualité qu'ils disent). Grand élan nationaliste qui de plus est, beaucoup ont désormais choisi l'ukrainien comme seule langue. La ville peut être désormais qualifiée de "seconde" capitale du nationalisme ukrainien, puisque la quasi-totalité des groupes nationalistes se sont installés là-bas (eh oui, on délocalise de Lviv à Kyïv), et que la ville est désormais totalement acquise au camp pro-occidental (70% des votes environ). Comme partout à l'Ouest, les statues de Papy Lénine ont disparu, et celles de Petlioura sont apparues.

Les Russes du Sud :
On sait que les russes vivent à l'Est de l'Ukraine, mais aussi au Sud, dans la région de Kherson et d'Odessa (note : Odessa était la 4ème ville de l'Union Soviétique). Cependant, ces deux groupes de russes ne sont pas à mettre dans le même sac. Tout d'abord, les russes du Sud sont venus en Ukraine bien avant ceux du Donbass (les 1èrs se sont installés au 18ème siècle), et sont très bien intégrés au pays. Ensuite, leur culture est tout à fait différente de celle des russes "russes" puisque cette région est orientée vers l'Europe et l'Occident (débouché marin vers la Méditerranée, et contact direct avec l'ancien Empire d'Autriche-Hongrie), ce qui a toujours poussé ces russes à un développement extraordinaire de la culture et de l'art. Question votes, il y a bien entendu une majorité votant pour les pro-russes, mais elle est moins forte qu'à l'Est de l'Ukraine ... Ils sont pour beaucoup, l'image de russophones modérés, qui sont plutôt enclin à une Ukraine unie et neutre dans sa politique intérieure et extérieure (pas d'ukrainisation, et pas d'alignement à Moscou).

Les Cosaques :
Si si si, il existe encore des cosaques en Ukraine, certains ont échappé aux fusils des communistes. A vrai dire, il y a beaucoup de sortes de cosaques qui vivent dans divers endroits (en Russie, au Caucase, en Iran ...), c'est pour cela qu'on dénomine les cosaques ukrainiens du nom spécifique de "zaporogue" ... Géographiquement, ils vivent un petit peu partout en Ukraine, même si ils sont peu présents à la rive gauche du Dniepr. Les zaporogues ont une grande méfiance pour tout ce qui est étranger, car chaque pays qui a occupé l'Ukraine a toujours voulu détruire la société zaporogue (pourquoi ? Parce que les zaporogues étaient des guerriers, et qu'ils fallait les mettre hors d'état de nuire). La majorité d'entre eux parlent ukrainien, et vivent toujours de leurs traditions. Eux même ne se considèrent pas tout à fait ukrainien, mais tout simplement "cosaque" : être cosaque ce n'est pas uniquement être soldat, c'est surtout une manière de vivre. Eux se fichent pas mal de qui est qui, mais ce qu'ils ne supportent pas, c'est que des étrangers viennent dicter la loi sur leurs terres (étrangers = russes la plupart du temps).

Les Tatars :
Cette population musulmane vit dans l'actuelle Crimée. Autrefois, il y avait même un royaume tatar (le Khanat de Crimée), soutenu par l'Empire Ottoman, puis annexé de force par l'Empire Russe. Les tatars sont, malgré leurs origines turques, très proches des ukrainiens sur certains points : ils ont été massacré, déporté, et massivement russifié. Ils vivent aussi en grand nombre en Sibérie (près des anciens goulags, là où leurs pères et mères ont été déporté), et aujourd'hui beaucoup d'eux sont retournés en Crimée (depuis 1991, on compte environ 250.000 retours pour une population totale d' "environ" 400.000). Bien sûr, la plupart d'entre eux ne retrouvent plus rien à leur retour, puisque ils ont été dépossédé de leurs terres pendant le communisme. De même que les ukrainiens de "souche", il voient aussi renaître un profond sentiment nationaliste : retour à une langue tatare, et grande "méfiance" vis-à-vis des fils de Staline ... La question de leur intégration à l'Ukraine ne se pose pas, puisque la Crimée est une république autonome où leur minorité est respectée .... Malgré tout, les tatars sont clairement opposés aux pro-russes, et soutiennent massivement le Parti Présidentiel (le parti de Ioutchenko arrive en 2nde position en Crimée). Les tatars ont toujours bien cohabité avec les ukrainiens (bon, pas trop trop au 17ème siècle, mais on se pardonne ;)), et j'espère que cela continuera.

Les Juifs :
Bon, c'est sûr que l'âge d'or des juifs en Ukraine est dépassé depuis longtemps. Mais il est nécessaire de rappeler qu'auparavant l'Ukraine comptait 15% de juifs ! C'est énorme pour un pays de cette taille. Les juifs ont immigré en Ukraine au 16ème siècle pour fuir l'inquisition menée par les catholiques. Beaucoup d'eux ont immigré à Kyïv (en 1939, 25% des habitants de Kyïv étaient juif) et à Odessa (en 1939, 40%), établissant là le règne culturel yiddish. Deux événements ont dépeuplé l'Ukraine des juifs : les nazis, qui ont nettoyé très rapidement l'Ukraine, et la naissance d'Israël, qui a poussé une très grande majorité de juifs ukrainiens à s'installer en terre promise (250.000 départs depuis 1985). Il est utile de noter que beaucoup d'ukrainiens ont simulé leur ascendance juive pour quitter le pays. Depuis 2006, on voit de plus en plus de juifs qui reviennent en Ukraine (retrouver leurs racines ?). Mais il faut relativiser, l'Ukraine ne compte que 100.000 juifs, ce qui est loin des millions qu'elle comptait il y a à peine un siècle... "
(source http://ukraine-fr.skyrock.com/)

J'espère que ce petit cours vous a intéressé. Ce fut le cas pour moi. En plus, je sais maintenant que nous sommes des kiévites, et non autres kiéviens, kiévois,...
Il y a plein d'autres acticles comme cela dans ce blog, je vous en mettrai d'autres de temps en temps

Posté par lopou59 à 10:57 - Commentaires […] - Permalien [#]